Mémo sur les disques chroniqués sur ce site

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> John et sa clique

John Hammond

“Wicked grin” (Pointblank 2001)

L’album peut apparaître comme un disque hommage ou un album concept dédié à la musique de Tom Waits. Cet opus du sieur Hammond est le premier du genre et pourtant, à l’écoute on le sent réellement dans son univers habituel.

Le disque s’ouvre avec “2’19” un blues bastringue emmené par un piano droit sorti d’un bar de New-Orleans. La voix de John Hammond est grave et légèrement éraillée par les années écoulées à chanter son blues, John ayant débuté dans les années 65-67.
Tom waits est à la guitare sur la quasi-totalité des titres et au piano sur 3 autres. L’ensemble des musiciens est excellent avec un bassiste de légende Larry Taylor (ex Canned Heat) et Charlie Musselwhite à l’harmonica.

Le deuxième morceau “Heart, attack and wine” nous entraîne dans un blues poisseux à souhait. La guitare est saturée et l’orgue tisse un épais tapis sonore, la contrebasse de Larry Taylor charpente le tout avec la complicité du batteur Stephen Hodges.

Vient ensuite un de mes titres favoris “Clap Hands” l’ambiance sonore me fait penser à la Nouvelle Orléans et Coco Robichaux le Medecine Man. L’harmonica de Musselwhite produit un son très curieux à la limite du saxophone baryton ou du tuba, un accordéon surgit de nulle part et la percussion semble provenir d’une batterie jouée avec les mains.

L’ambiance revient à un style New-Orleans avec la rhumba-blues “Till the money run’s down” morceau sympa rythmé par des maracas comme au bon vieux temps de Bo Diddley. Dans le même esprit voici “16 shells from a thirty-ought six” rythmique proche du voodoo beat, un piano électrique (l’excellent Augie Meyers) et une guitare qui saupoudre le gumbo de sauce piquante.
Changement d’univers nous voilà au portes du Delta du Mississippi John a sorti la National (guitare en métal des années 30) le slide et la voix s’imbriquent avec complicité, le plus c’est l’harmonica joué par John. On est très loin des envolées d’un virtuose comme Little Walter, il s’agit ici d’un cri proche de la voix humaine comme une longue plainte déchirante. Une excellente introduction au blues rural du deep south.

“Get behind the mule” nous embarque dans son groove très particulier, toujours les maracas mais cette fois l’harmonica est tenu par Charlie Musselwhite dans un registre proche d’un sax ténor. La guitare répond au chant profond de John, au finish un morceau envoûtant tout comme le morceau suivant “Shore leave”.

“Fannin street” est également une magnifique ballade ou le piano tenu par Tom Waits et la guitare de John Hammond sont simplement soutenus par la basse de Larry Taylor, un rien mélancolique cette chanson rappelle certains titres des années 30, John chante avec beaucoup de feeling et de douceur.

Voici qu’arrive la surprise de l’album “Jockey full of bourbon” un morceau plus proche de la musique du Cap vert que du Mississippi, ce qui prouve encore la qualité et l’éclectisme des musiciens. Ce morceau est une vraie réussite, l’accordéon et la guitare se mêlent habilement et cette rythmique se fait envoûtante et les 3’31 passent bien vite. Retour au blues avec “Big black Mariah” harmonica et guitare saturés, rythmique et riffs en béton, chant possédé: une pure merveille.
“Murder in the red barn” nous propose un slow blues joué au balais et avec contrebasse . Pour une fois la guitare est claire et limpide, le piano joue les réponses avec brio, tout s’articule merveilleusement pour mettre en valeur la voix de John.

Ce disque se termine avec le duo vocal de Tom Waits et de John Hammond sur le très déjanté “I know I’ve been changed” et bien en tous cas John n’a pas changé c’est toujours l’artiste doué et talentueux. Dépêchez vous de découvrir ce disque et de voir cet artiste sur scène ou il excelle.

Chronique réalisé par Jipes dangyjp@evhr.net

 

 

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> made in England

King Rollo
just for you "the unexpurgated truth"

DC 315 - Blues Underground


Musicien de haute lignée et digne héritier du folk et country-blues anglais des années soixantes, King Rollo est un musicien très attachant. Attachant à plus d'un titre car il joue seul et affronte le public avec sa guitare en guise de septre, il raconte aussi sa vie en composant ses propres "vrais" blues : son cd ne porte t'il pas en sous titre "the unexpurgated truth" en outre ce cd est le "vrai" reflet de ses concerts car il a été enregistré live en janvier 2001 lors d'un de ses one-man-shows.

King Rollo s'est produit un peu partout en Angleterre privilègiant les pubs et les petites salles mais il s'est aussi produit en Europe avec un passage en France au festival de Romilly.

Son disque nous laisse écouter une maîtrise parfait de l'instrument soit en blues picking soit en slide. Tout au long de 17 blues intimistes, ce sacré Rollo nous fait son numéro de bluesman cool et sincère... Je l'imagine bien en songter tel Mississippi John Hurt ou Lightnin' Hopkins racontant son histoire à qui veut l'entendre, un mélange de blues rural traditionnel et d'une anachronique modernité.
C'est peut-être ce qui a fait dire à Paul Jones (oui le Paul Jones du Blues Band) que King Rollo était l'un des meilleurs artistes de blues acoustique actuellement en Grande-Bretagne.

Le domaine du Roi Rollo est la région de Hull située à l'Est de l'Angleterre. C'est dans cette ville qu'il a monté en novembre 2000 le spectacle "John Doe - une histoire du blues" un spectacle qui allie théâtre, musique, danse.
Mais l'homme a d'autres cartes en main puisqu'il a aussi réalisé une vidéo "Blues in the can" qui est un documentaire pour les guitaristes où il retrace les origines du blues et son évolution. Il prépare également un spectacle pédagogique pour la jeunesse qu'il produira dans les écoles à la manière d'un Patrick Verbeke Anglais. C'est aussi un habitué de l'émission "Nothern Blues" d'Henry Ayrton sur la BBC (le dimanche à 21 h).
Oui Rollo, tu es un Roi du Blues!
(Yes Rollo, you're a blues' king !)

www.king-rollo.co.uk
pour commander le cd : bluescat@supanet.com

écouter un titre sur Docteur Blues Records

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> le Top

Benoit Blue Boy
Benoit Blue Boy en Amérique
Frémeaux & Associés LLL298


Avec ce disque, l'événement de l'été, Benoit Blue Boy nous fait vraiment plaisir. Ce retour au premier plan du circuit blues français n'est pas un hasard et on peut imaginer que Benoit a tout misé sur ce nouveau disque, sans parler du travail d'écriture, une façon de tout dire en se livrant au minimum, mérite un grand coup de chapeau.
Ces textes d'une pudeur nostalgique gravitent autour de relations et comportements homme /femme, rien de nouveau sous le soleil, me direz vous ! Eh bien, non ! Mais le style est si plaisant, tout en retenue, un charme naïf qui s'apparente vraiment aux textes du blues américain. "Et la simplicité populaire devient poésie". Benoit en laissant la porte ouverte, nous laisse deviner et imaginer la suite de ses histoires.
Enregistré il y a un an au Texas, à Austin pour être précis, au studio Glen Glaz Recording par Glen Rios, cette session a été l'occasion pour Benoit de rassembler un gang de musicos du coin et de faire sonner tout ça à la manière du label Antone's, qui n'est pas sans rappeler le disque de Doug Sham (the best blues band) .
Des mélodies délicieusement sixties, une douce nonchalance voici l'ambiance, outre les hits que sont "Gare ta voiture dans l'allée", "Blues en la noche", "T'es la seule"... j'ai vraiment beaucoup apprécié 'J'suis pas l'homme qui t'faut" et le "C'est moi qui tient le volant" un titre qui traine vraiment les pieds comme si il faisait 40° degrés à l'ombre des cactus.
Du Côté des performances, les West Side Horns (Rocky Morales, Al Gomez) se taillent la part du lion avec un souffle brillant et précis tout au long des 13 titres, la voix un brin crooner de Benoit n'est pas en reste, l'ami ne force pas le timbre et ça coule gentillement, son jeu d'harmo lui aussi est bien présent, la rythmique imprime un grouve retenu dans le fond du tempo, dommage que ce style s'adapte moins bien aux chorus de guitare. A noter également l'intrusion de l'accordéon, mais comment aurait-il pu en être autrement ?
Alors il ne vous reste plus qu'une seule chose à faire c'est d'acquérir si ce n'est déjà fait, ce disque de l'année !!!


 

 

 

 

 

> French Blues

Bloosers
Bloosers - BOR002
© Gazoline Association 2001

écouter un titre de cet album

Il y a quelque temps, je vous parlais des Bloosers que j'avais vu en concert à "La Scène".
J'avais déclaré à l'époque qu'il ne manquait plus à ce sympatique combo de la région parisienne que ce maudit premier album. M'ont-ils entendu ? non... tout le mérite leur en revient car ce maudit Cd a vu le jour et ils me l'ont gentillement envoyé pour voir ce que j'en pensais.
Composé essentiellement de reprises, l'album laisse entrevoir malgré tout, deux compositions "Baloogie" en intro et surtout "Case Closed" signée Rémi Parisse et Rodolphe Dumont respectivement chanteur et guitariste du groupe. Rémi est sans aucun doute un vrai chanteur, quelle chance pour un frenchy ! il assure l'homogénéité de l'album ce qui permet de varier un répertoire de grandes signatures : Milburn, Bartholomew, Jacobs, Dixon ; Un répertoire que les Bloosers nous servent sur un shuffle texan brulant.
Le batteur Guillaume Kissel et le bassiste Pascal Lefevre en sont les principaux artisans, un sans faute, ici ça crépite ça ne martelle pas. On peut parier que ces deux là donneront des fourmis dans les jambes des demoiselles qui auront la chance de les écouter ha ha ! prépare tes boogie schoes baby !
Côté solistes Rodolphe et l'harmoniciste Marc Schaeller donnent eux aussi le meilleur de leurs âmes qu'ils auraient bien vendues au diable (les clichés ont la vie dure). Comment expliquer sinon des sons d'harmo et de guitare aussi chauds, une domination de la technique et une belle maîtrise de la saturation.
Côté invité, le mystérieux Bala Pradal accompagne au piano le groupe tout au long de l'album avec un gros feeling sur "Bad Bad Whisky" un de mes titres favoris et surtout un grand numéro sur "Don't want no woman" ; quand tout le groupe fait un clin d'oeil au Jazz.
On retrouve également deux fines gachettes de la six cordes en la personne de Philippe Fernandez qui enflamme un Joyeux "Sick and Tired" et Pascal Swampini qui ne refuse jamais un duel original sur "I'm gonna love you" un des autres hits de l'album.
Je dois vous l'avouer, les Bloosers m'ont bien blousé. Quel album !!! Un travail de pro qui supporte la comparaison avec des noms prestigieux que je ne citerai pas ici de peur de choquer les âmes sensibles ou ceux qui pensent encore que le blues français n'existe pas.
Ah j'allais oublier de vous parler de la superbe pochette du Cd qui enveloppe parfaitement les 14 titres irréprochable de ce "maudit" Cd... En deux mots "La claque" et attention chez Docteur Blues on ne cire pas les pompes c'est pas le genre de la maison alors écoutez les, ils le méritent !

Contact Bloosers : 01 44 54 65 75, 06 83 37 12 73
e-mail bloosers@hotmail.com
Url : www.multimania.com/bloosers


 

> Blues voices

The blind boys of alabama

Spirit of the century

Les Blind Boys chantent depuis 1939. Dans ce disque, ils revisitent des classiques tels «Nobody's fault but mine» ou encore «Motherless child», mais ajoutent à leur palette des titres comme «Jesus gonna be here» ou «Way down in the hole» de Tom Waits, «Give a man a home» de Ben Harper ou bien encore «Just wanna see his face» de Jagger / Richards. Ajoutez à cela une prise de son fantastique et la participation d'instrumentistes comme John Hammond, David Lindley ou Charlie Musselwhite ainsi que le bassiste anglais Danny Thomson et Michael Jerome à la batterie et vous obtenez un disque d'une rare intensité et d'une rare beauté que tout amateur de blues se doit de posséder.« Nous sommes revenus à notre vieux style sur ce nouvel album » annonce le leader et fondateur des Blind Boys, Clarence Fountain. Nous nous sommes replongés en 1939 alors que nous étions étudiants au Talladega Institute pour les aveugles en Alabam. C'est là que nous avons commencé à chanter dans la chorale masculine de l'école.

« La plupart de nos chants étaient d'inspiration blanche comme nos profs d'ailleurs, mais nous avons commencé à écouter de la musique noire gospel à la radio comme le Golden Gate Quartet ou les Soul Stirrers. Mon pote et moi avons donc décidé de former notre propre groupe et de chanter comme eux en harmonie à quatre voix. Au départ, nous avons commencé à tourner sous le nom des "Happy Land Singers" et un promoteur nous a adjoint un autre groupe le "Jackson Harmonies" du Mississippi. Nous étions alors plus connus sous le nom des Blind Boys of Alabama ».

Le nombre de chanteurs du groupe a fluctué souvent, et aujourd'hui on retrouve sur l'album deux membres de l'ancienne époque Jimmy Carter et George Scott. Les Blind Boys ont enregistré pour de nombreux labels depuis 1940 Specialty, Savoy, VeeJay, Nonesuch, House of Blues et à la fin des années 80, ils ont participé activement à un spectacle appelé The Gospel at Colonus qui leur a apporté un succès important en particulier auprès d'un public blanc. «Nous voulions toucher le plus d'audience possible à travers le Gospel». Aujourd'hui les Blind Boys tournent régulièrement dans les festivals, centres culturels, églises et même nightclubs partout dans le monde. C'est à la suite d'un spectacle que l'idée de ce disque pris forme. Lors d' une tournée appelée Highway 61, les Blind Boys et John Hammond se retrouvaient sur scène pour le standard "Motherless Child" et nuit après nuit, devant le succès , il fut décidé de réunir ces deux forces en studio. L'album fut enregistré en Mars 2000.

« Nous n'avions rencontré que John Hammond et Charlie Musselwhite, mais le courant est vite passé avec les autres musiciens. Et nous avons tout fait pour travailler en respect mutuel de chacun ce qui s'entend assez bien sur l'album »

« Le plus important challenge était d'amener les chanteurs vers des chansons actuelles » explique le producteur John Chelew. En effet, les Blind Boys se refusent à interpréter des chansons dont ils ne comprennent pas les paroles «nous ne sommes pas des robots » dit très clairement Clarence Fountain et il ajoute, la superficialité de certaines chansons actuelles est très éloignée des traditions Gospel. David Lindley brillant joueur de guitare et autres instruments exotiques à cordes, frère de sang de Ry Cooder (c'en est même troublant sur cet album) explique que lorsqu'on lui a demandé ses tarifs pour ces séances, il a rétorqué qu'il devrait lui plutôt payer pour participer à ce projet.

 

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>Boogie Woogie

Toby "Fingers" DelRey

Solo Piano 1 (démo)

Key to Blues

Toby "Fingers" DelRey a mis au point ses envolées techniques d'un style torride alors qu'il n'etait qu'un jeune garçon à l'orphelinat Saint-Ignatius pour pêcheurs en perdition. La soeur Serenity, une vieille nonne bourrue avec un penchant pour la musique, avait senti le talent prodigieux de l'enfant et le pris sous son aile, le stimulant avec un mélange de "Jelly Roll" Morton et J.S. Bach ....

Et oui , C'est comme ça que commence la carrière de Toby "Fingers" DelRey et une fois n'est pas coutume laissons nous aller à parler Piano. A l'instar du country blues singer, le pianiste de blues qui a choisi la solitude pour compagne de son courage, affronte seul le public. Un homme, un piano... Intransigeant quant au choix de ses compositions et de ses reprises, Toby a intégré la technique des plus grands pianistes, enfin la technique de ceux qui ont une solide main gauche, la main du Groove. Son jeu main droite est fluide, appuyé sur des très belles lignes de Walking-Bass. Il alterne les morceaux enlevés et courts aux blues lents et bourrés de feeling. Tout au long du disque, on croise les "dédicasses" de Toby ... Otis Spann, Pinetop Perkins pour le Chicago, Docteur John, Tuts Washington pour le New Orleans, et le Jazz n'est pas loin les héros sont Basie et Monk (entre autres). Mais Fingers à l'énergie de la jeunesse et une grande spontanéité, laquelle le conduit à l'âge de 16 ans dans l'orchestre de Willie Dixon pour quelques concerts.

Comme il aime à le rappeler il faut écouter à l'intèrieur de soi et jouer ce que l'on entend.

Toby vit à New York mais il aimerait vivre et travailler en France car il a épousé une française et il a donc la double nationalité... à bon entendeur...

Toby "Finger" DelRey : tkasavan@earthlink.net

 

En écoute MP3 sur Docteur Blues Records

 

 

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> Héritage

The Country Blues Roots of
Eric Clapton

Under the influence : Volume 1
Catfish records KATCD159

Qui est Qui ?

Je profite de ce cadeau inattendu pour vous encourager à aller faire un tour sur le site de ce label anglais qui nous propose toute une anthologie du blues issue directement des racines avec une attention particulière à rendre à certains bluesmen oubliés les titres qu'ils ont en fait écrit. Ainsi, sur "From the Craddle" de Clapton "It Hurts me too" est crédité à Elmore James, les auteurs de cette compilation, eux, ont préféré retenir une version plus ancienne de Tampa Red.

J'ai redécouvert aussi sur ce disque les principaux blues joués par Eric Clapton depuis des années. Une très bonne chose car outre les surprises de la version de "Jesus is coming soon" de Blind Willie Johnson et de la version de "Motheless Child" de Barbecue Bob on s'aperçoit que Clapton a un grand respect pour ces auteurs.
Mais il y avait-il des doutes à ce sujet ?

Enfin, c'est un disque qui s'adresse aussi bien aux néophites (ce n'est pas EC qui a écrit "Walkin'Blues") qu'aux érudits, car il est toujours possible de découvrir le groupe Mississippi Sheiks (famille Chatman), ou un Tommy McClennan oublié !

www.catfishrecords.co.uk

Autre adresse du même type :
www.document-records.com

 

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>Anthologie

Mc Houston "Mickey" Baker

Mississippi Delta Dues - Verve/PolyGram
519 728-2 - 1993

(original sur vinyle : Collection "House of the blues - vol. 5" - Blues Star 80.605 - 1973

Mickey plays the blues

Je ne sais pas pourquoi j'aime autant ce disque. Pourquoi j'ai craqué il y a quelques années déjà quand un mien ami, amateur de jazz, me passe les premières mesures d'"Alabama March" jouées par cet inconnu... Mickey Baker.

Ou plutôt si, je sais peut-être pourquoi, est-ce un de ces nombreux disques auxquels j'aurais aimé participer tant l'atmosphère de la musique qu'il conserve m'est proche... Et c'est aussi un disque témoin du Blues acoustique des années soixante-dix.

MC Houston Baker est né dans le Kentucky en 1925, à Louisville exactement, et devient guitariste par accident car il voulait devenir trompettiste, cette vocation fut déçue par le prix trop élevé de l'instrument. Il commence donc une carrière de guitariste en 1948 à New-York dans un orchestre de Calypso. Puis il quitte New-York pour la Californie où il découvre la scène Rythm'n Blues. Vers 1952, il commence à travailler pour Ray Charles, Big Joe Turner et Bo Diddley.

En 1961, Mickey quitte tout et vient s'intaller en France, participe à beaucoup de sessions "Black and Blue" pour ce qui est du blues... Mais, il paraît qu'il aurait même tourné derrière France Gall à une certaine époque... (en fait, il fait le bonheur des studios français en quête de musiciens "authentiques" pour tourner derrière toute la nouvelle vague yéyé).

En véritable touche à tout, Mickey écrit aussi des textes dont une histoire du blues (info sous réserve)...

C'est Philippe Rault qui encourage Mickey Baker à enregistrer ce disque en 1973, un disque initiatique, hommage aux bluesmen du Delta. Les sessions ont lieu entre Paris et Londres, il est accompagné pour l'occasion par Stephen Grossman et du London String Orchestra. Mickey n'a pas peur de frotter un dobro aux violons classiques, de s'essayer à une synthèse tout en jouant avec la reverb pour noyer l'auditeur dans le brouillard Voodoo de la Tamise. Le respect pour le blues et pour les auteurs reste néanmoins total : on y retrouve des signatures comme celles de JB Lenoir ("Good Advice", "Alabama March"), C. Patton ("High Sheriff Blues"), R. Johnson ("Terraplane Blues", "Sweet Home Chicago"), L. Carr ("Blues Before Sunrise", "Can't Find My Babe") etc...

Ce disque est donc réédité en CD depuis 1993 et reste chez Docteur Blues un disque culte qui partage une place de choix dans ma discothèque entre Cousin Joe et Slim Harpo.

  

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> New Orleans

Brian Lee

"Crawfish Lady" - ENJA 2000

Dans vos bacs depuis octobre 2000, ce disque marque un tournant dans la carrière du guitariste aveugle, légende de Bourbon Street à la Nouvelle Orléans.

En effet, ce nouvel opus sorti sur le label "ENJA" montre l'évolution discographique de ce musicien expérimenté jugez plutôt : 40 ans de carriére de Chicago à la Nouvelle Orléans en passant par Memphis et plus de sept albums sous son nom.

Entrons dans le vif du sujet avec le premier morceau "Palace of the Kings" une reprise d'un morceau du grand Freddy King dont Bryan est un fan absolu. Ce morceau démarre en trombe avec une excellente rythmique basse, batterie, orgue et une section de cuivres idéale. La voix chaude et puissante de Bryan fait merveille et sa guitare est tranchante à souhait.

Suit "Louisiana Women" un slow blues soutenu avec brio par les cuivres et l'excellent Mark Adams à l'orgue Hammond. La guitare s'en donne à coeur joie et la température grimpe clairement de plusieurs degrès. "Can't get enough" un petit shuffle à la Louis Jordan avec un piano stride du plus bel effet tenu par Georges Rossy. Un chorus de sax bien baveux et le tour est joué.

"Crawfish Lady" un petit funk louisianais avec des backing vocals sensuels . La guitare de Bryan joue les pyromanes dans un style inspiré d'Albert Collins et Albert King.

Le cinquième morceau de l'album "Why did you do it" présente un morceau funky apparenté à "I'll play the blues for you" ou "Cadillac assembly line" du défunt Albert King, du bon blues qui transpire.

Un petit blues basique "What you gonna do" à la Hoochie coochie man illuminé du piano et du sax de Jordy Golick et nous voici rendu au fantastique instrumental "Noyze with the Boyz" cosigné par Bryan et Mark Adams. Le funk néo orléanais à la Meters refait surface, belle réussite en vérité ! Passons sur le morceau suivant une ballade peut être un peu trop molle à mon gout et arrivons à "Something's wrong" une rumba blues typique de la Nouvelle Orléans (Prof Longhair ou Snooks Eaglin) 4'52 de bonheur

"Winehead Woman" est un blues west coast rappelant T-Bone Walker, le piano pleure ses trilles et l'orgue prend le relais avec la cabine leslie à fond. "Chitlin's" deuxième instrumental de ce disque est un blues funky un peu à la manière de Booker-T and the MG's, Mark Adams s'illustrant une fois de plus à l'orgue.

"Kiss my ass for a change" au titre éloquent vient clotûrer cet album avec son texte humoristique sur les déboires d'un amoureux malheureux en ménage un petit swing ou la voix de Bryan est excellente comme à son habitude. Et voilà après 59 mn de bon blues vivement la suite et voir Bryan en concert en Europe !

Chronique réalisé par Jipes dangyjp@evhr.net

 

 

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